Julie PAUWELS* soutiendra sa thèse le jeudi 11 octobre à 14h à l'amphithéâtre de Paléontologie, dans la galerie de paléontologie et d'anatomie comparée du Jardin des Plantes. 

 

"Pollution lumineuse & biodiversité: quels leviers d'action pour limiter l'impact de l'éclairage artificiel sur la faune nocturne ?"

 

Le jury sera composé de :

 

Jean-christophe FOLTETE, Professeur, Université de Bourgogne Franche-Comté, rapporteur

Jean SECONDI, Maître de conférences, Université d'Angers, rapporteur

Françoise BUREL, Directrice de recherche, Université de Rennes 1, examinatrice

John THOMPSON, Directeur de recherche, Centre d'Ecologie Évolutive et Fonctionnelle, Montpellier, examinateur

Isabelle LE VIOL, Maître de conférences, Muséum national d'Histoire Naturelle, Directrice de thèse

Christian KERBIRIOU, Maïtre de conférences, Muséum national d'Histoire Naturelle, Directeur de thèse

Nicolas VALET, Responsable biodiversité, Auddicé Environnment, Co-encadrant

Romain Sordello, Chef de projet, Agence Française pour la Biodiversité - Muséum national d'Histoire naturelle, invité

Kamiel SPOELSTRA, Docteur, Netherlands institute of Ecology, invité

 

 

 
Résumé

L’emprise de la lumière artificielle s’étend de manière importante et rapide à travers le monde entier et est en train de changer le paysage nocturne menaçant ainsi une large part des écosystèmes. L’augmentation des niveaux de lumière la nuit entraîne une perturbation du rythme circadien et par là une modification des comportements des espèces nocturnes mais aussi diurnes et des interactions entre espèces. Malgré l’importance de l’enjeu que représente la pollution lumineuse, le manque de connaissances dans le domaine limite la création de règlementations pour réduire l’impact de l’éclairage nocturne sur la biodiversité. Il est donc urgent d’apporter des éléments concrets pour construire des recommandations et des outils d’évaluation à destination des gestionnaires du territoire.

Dans ce contexte, l’objectif de cette thèse est d’étudier l’impact de la pollution lumineuse sur la faune nocturne à deux échelles paysagères afin de préconiser des méthodes d’évaluation et de gestion de l’éclairage artificiel. Nous avons utilisé les chauves-souris comme modèle d’étude car elles sont longévives et nocturnes et donc fortement affectées par la pollution lumineuse. De plus, il a été montré que les tendances de leurs populations tendent à refléter celles d’espèces plus basses dans la chaîne trophique, les rendant ainsi d’autant plus sensibles aux pressions anthropiques.

Dans un premier temps, nous avons étudié l’effet de la pollution lumineuse à l’échelle de villes, une échelle paysagère en cohérence à la fois avec les distances de déplacement des individus et avec une réalité de gestion de l’éclairage. Malgré que les espèces anthropophiles vivant toujours dans les grandes villes soient considérée comme bénéficiant de l’éclairage artificiel, ce travail a montré qu’à une échelle regroupant tous les aspects des déplacements quotidiens des individus, l’effet global de la lumière est négatif. De plus, bien qu’une part significative  de la pollution lumineuse soit due à l’éclairage public de par sa permanence et son étende, l’étude montre  que l’éclairage privé n’est pourtant pas à négliger. Au-delà d’un effet sur le niveau d’activité, la lumière artificielle peut avoir un effet de barrière dans le déplacement des individus et ainsi réduire la connectivité du paysage. Alors que les politiques environnementales sont en faveur du développement de corridors écologiques, la non-inclusion du facteur pollution lumineuse pourrait réduire significativement leur efficacité pour les espèces nocturnes. Un travail de modélisation mettant en lien des données biologiques d’activité avec des aspects paysagers mais aussi lumière a permis de construire des corridors adaptés pour les espèces nocturnes. Cela a aussi mené à des outils d’évaluation de scénarios d’éclairage qui peuvent être utilisés en amont d’aménagements afin de prédire l’impact d’un changement et de les adapter aux enjeux de biodiversité.

A une échelle plus fine, il est nécessaire de comprendre quelles caractéristiques des points lumineux sont les plus pertinents à maîtriser afin de formuler des recommandations pour limiter l’impact sur la biodiversité. Nous avons mené une étude de terrain dans un espace protégé où les enjeux sur les chauves-souris sont d’autant plus importants que les espèces les plus sensibles à la lumière y sont protégées, ainsi que leurs habitats, à l’échelle européenne. En travaillant à l’interface entre urbanisation et habitats semi-naturels, nous avons pu montrer que c’est la quantité de lumière émise qui ont l’effet le plus notable. C’est donc ce paramètre sur lequel il faut travailler en priorité pour limiter l’impact de la lumière sur des zones pouvant servir de corridor ou de zone refuge aux espèces sensibles.

 

*Doctorante au Centre d'Ecologie et des Sciences de la Conservation (UMR 7204 MNHN-CNRS-Sorbonne Université) dans le cadre d'une convention CIFRE avec le bureau

Publié le : 04/10/2018 18:02 - Mis à jour le : 04/10/2018 18:05

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